Un bout de France à vélo

4 juin 2015

Un bout de France à vélo

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Chacun sa route, chacun son vélo… J’ai effectué mon premier voyage à vélo en solitaire. Du Mesnil-Saint-Denis, dans les Yvelines, à Limoges. Presque 390 kilomètres pour aller voir papi…

Par-delà les Yvelines, la Beauce alnéloise, ses champs de colza et ses villages presque abandonnés j’ai sillonné.

Par-delà la Loire, ses châteaux, son dynamisme apparent, sa (ses?) centrale nucléaire, ses pistes cyclables indiquées et entretenues, j’ai pédalé.

Le château de Chambord, les forêts alentours, l’Indre, les bocages, les vaches et les autres élevages j’ai dépassé…

J’ai franchi la bien nommée Creuse, cours d’eau verdoyant autour duquel meurent lentement, mais sûrement quelques anciennes villes devenues villages, dont seul le coeur bat encore un peu mais irrigue à peine les faubourgs. Ils forment désormais une couronne morte, chapelet de bâtiments abandonnés, gris, vides et délabrés. On se demande si l’activité s’y est éteinte il y 5 ans ou 25 ans tant la poussière et la saleté ont recouvert les murs…

Puis enfin vient le Limousin. On arrive exsangue dans ce paysage vert et vallonné. Des vaches, quelques bottes de foin, et ce panneau qui annonce, comme pour narguer le cycliste déjà fatigué par deux journées de pédalage intenses,  « Bienvenue dans le haut Limousin « … L’espoir d’une arrivée rapide et sans souffrance s’amenuise. Les collines de 500 mètres de haut s’enchaînent les unes après les autres…

La monture paraît alors bien lourde. On regrette presque d’avoir eu l’idée de venir voir papi à vélo. Le mental commence à jouer des tours. Entre paranoïa et schizophrénie, on se demande si le vélo n’a pas un problème. Un frein trop serré? Un roulement mal graissé? C’est quoi ce tic-tic à chaque tour de roue? Est-ce que ça se passe vraiment ou est-ce uniquement dans ma tête?

Tous les prétextes sont alors bons pour s’arrêter. Un joli ruisseau. Les bars de villages.qui exhibent des terrasses vides. Mais il faut avancer, on a promis à papi d’être là pour manger…

Enfin la descente. On bénit les fondateurs de la ville de Limoges de l’avoir placée dans une cuvette.

On pleure presque. La gorge est serrée, le muscle aussi. On arrive. A force de dériver, on s’échoue bien quelque part… On a envie de lever les bras, comme si on avait gagné le Tour de France. On voudrait taper dans des mains, enlacer quelqu’un, un maillot jaune, un baiser, un bouquet…

Mais les autres, dans leur routine, s’en battent l’échine. Tu n’auras qu’une bise et pas de baiser, on te dira même que tu es en retard pour manger. La télé va s’allumer, les infos de TF1… On pense qu’on mériterait d’être dans le journal,, dans le journal de Claire Chazal, parce qu’on est vraiment phénoménal… Mais finalement, tout ça devait être bien banal.

Alors, dans cet ennui confortable, on pense que, finalement, on n’était pas si mal sur la route…

 

 

 

 

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Commentaires

Jami
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Ca sent le vécu et c'est joliment bien écrit...
Catherine Deneuve va être contente de voir qu'elle n'est pas la seule à penser ce qu'elle pense des villes de province.
Mais n'espère quand même pas que quelqu'un en parle à Cannes !!!